SEMI-MARATHON DE PARIS 2008
T’as voulu voir Vesoul
Imaginez un instant qu’un organisateur un peu fou ait décidé de réunir un dimanche matin sur l’esplanade du Château de Vincennes l’ensemble des habitants de la ville de Vesoul. Imaginez maintenant les moyens et l’énergie qu’il lui faudrait déployer pour regrouper sur moins d’un demi-kilomètre les quelque 19 000 citoyens de ce chef-lieu de la Haute-Saône. Tout simplement impossible ! Et pourtant, c’est bien le défi relevé chaque année par Joël Lainé, directeur du semi-marathon de Paris, et son équipe d’Amaury Sport Organisation (ASO), société organisatrice de la course, appartenant au même groupe que L’Équipe. Le dimanche 2 mars dernier, sur les coups de 10 heures, nous étions en effet près de 20 000 à trépigner d’impatience pour prendre le départ de la 16e édition de l’épreuve parisienne.
En parfait animateur de l‘AS Running, Renaud Mahé avait fixé un point de ralliement aux quinze coureurs de la SNC L’Equipe. En théorie, nous devions tous nous retrouver une heure avant le départ de la course au niveau du premier L en ciment des lettres géantes de l’entrée du Parc floral de Vincennes. A 9 heures, personne ! Mais où sont-ils ? pestait déjà Guy Sitruk dont le portable ne fonctionnait pas en raison du trop grand nombre d’appels passés par des coureurs à la recherche de l’âme sœur. Il faut dire que ce lieu touristique dominical, quasi désertique en milieu de semaine, s’était transformé, en quelques heures, en une véritable ruche où les compétiteurs, recouverts du traditionnel sac plastic pour se protéger du froid, virevoltaient d’un point à un autre de ce petit pré carré. Rejoint dans un premier temps par Barbara Rumpus, puis par Pascal Grégoire et d’autres membres de la section running, Guy pouvait respirer et plus sereinement se diriger vers la zone du départ pour participer au premier semi-marathon de sa nouvelle carrière.
Une fois dans le sas, l’aventure pouvait enfin commencer. Après, difficile de raconter tant la suite des événements est à la fois très personnelle mais aussi très classique. Il n’y a pas une version de la course, mais il y en a autant que de participants. 19 000 expériences intérieures différentes. 19 000 expériences bien laborieuses à conter. Pour ma part, je sais que je ne suis pas le seul à laisser envahir mon esprit par une chanson. Plus les kilomètres deviennent longs (sic), plus cette voix intérieure me harcèle. Dès le 14e kilomètre une foule de questions existentialistes est venue peupler mon cerveau. Qu’est-ce que tu fais là ? Encore une fois t’es parti trop vite. Bien fait pour toi ! Pour qui te prends-tu ?
T’as voulu un test grandeur nature un mois avant le marathon de Paris. Tu l’as.
" T’as voulu voir Vierzon …T’as voulu voir Honfleur ... "
Tu voulais voir ce que c’était que de passer en moins de 1h30 au semi. Maintenant tu vois. " T’as voulu voir Hambourg… T’as voulu voir Paris … "
Au fil des kilomètres, les T’as voulu voir ceci et les T’as voulu voir cela se sont progressivement intensifiés et accélérés prenant la voix familière - rauque et exaspérée - de Jacques Brel. Et finalement voilà la ligne d’arrivée franchie… cette année sur l’air de Vesoul !
Francis Magois